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AVOIR ou ÊTRE MUSIQUE, to be or Note to be

AVOIR Musiques

Pour paraphraser Alfred de Musset, qu'importent les Sons pourvu qu'on ait l'ivresse : dans lequel on cause de collectionneurs de chansons, musique des sphères, cosmogonie, partage, perception, notes et feux d'artifice intra-cervicaux
par Charly de Montauban, tombé dedans

Avoir de la musique aujourd'hui, c'est facile : on peut en acheter à pas trop cher, s'en faire prêter ou copier (c'est interdit), en louer à la médiathèque, en télécharger (il)légalement via Internet, en graver pour son usage personnel, récupérer une caisse de vieilleries vinyles dans un (vide-)grenier, etc. Pouvoir la lire dans de bonnes conditions demeure une autre histoire, mais ce n'est pas le propos de ce billet.

Le moteur du collectionneur de Musique, c'est la curiosité : c'est qui/quoi ça, qui chante ceci, qui joue cela, qui reprend quoi, qui compose, arrange, produit... Pour l'âme de la Musique, c'est bien plus compliqué, on n'a pas encore trouvé exactement, mais l'on continue à chercher. Dès l'antiquité, les philosophes qui s'intéressaient au cosmos parlaient de "musique des sphères" pour décrire le ballet des planètes dans l'espace, et calquaient les mesures des notes sur les intervalles entre lesdites planètes. Certaines cosmogonies 'exotiques' (du moins pour nous, occidentaux) sont basées sur la Musique, qui serait le liant entre temps et espace, ciel et terre, passé et futur... Le compositeur Mathius Shadow-Sky le martèle dans son essai en ligne dans le ciel, le bruit de l'ombre : "La musique aujourd'hui est réduite à un divertissement (une diversion à l'essentiel), alors qu'elle est une activité majeure de l'expression, de la sensibilité et de la pensée."

La Musique est une histoire de partage, comme l'écrit céans AddNtoX, certes – puisqu'au départ, avant l'arrivée des techniques de reproduction ou d'enregistrement, la musique était jouée live et ne pouvait transporter que le spectateur qui l'entendait. Devenue un simple produit de grande consommation voici un bon gros siècle déjà, elle peut aujourd'hui s'écouter partout, voire n'importe où – et se partage un peu n'importe comment aussi, il faut bien l'admettre, mais l'on y reviendra :

sous douche, dans le bain, aux Bains-Douches, sur l'eau et dessous ou dedans, sous mousson, à Tahiti, Nouméa, Madagascar ou vers la banquise (jusqu'à Paris, banlieue nord de Montélimar). Dans les oreilles en zique compressée, sous le bonnet, casqué, chapeau, le béret, la coiffe, en mettant les voiles, dans la voiture, à pied, Walk-Man, en train, dans l'Estafette, au garage, au salon, sous la couette, sur la peau de bête, au bord de la piscine, du sauna, de l'évier. Bref, de la cave au grenier en passant par le jardin, autour du barbecue, à la pâtisserie, dans votre salle de jeux, bains, do, ré, Mie, facile là, si ?

ÊTRE Musique

La m'aime, en mieux.
Audiophile = aimant écouter et entendre Melody Gardot, Tom Petty & ses casse-coeurs, Daran avec ou sans ses chaises, les David (Lee Roth, Gilmour, Bowie, Hasselhof - hip Kit)), Peter 'l'ange' Gabriel, Léo, Lenny, Lemmy, Lou ou...

ÊTRE MUSIQUE DANS SA TÊTE, musiques dans le cœur, les cheveux, la peau, les dents, le cerveau, les ongles, les poils/frissons, la plante des pieds, le ventre, les plus haut, ou les bas- = croire qu'on capte uniquement les Sons avec les oreilles est un mythe !

La Musique se 'ressent' avec tous les organes de notre corps et s'exécute avec nombre d'entre eux.
Certes, elle se perçoit majoritairement via les oreilles, capteurs principaux qui ont une fonction 'orientatrice' (quel est ce Son et d'où provient-il, pour notre sécurité) et 'équilibrante' (puisque l'oreille interne est le siège de notre équilibre), mais également avec toute surface de notre corps en contact avec l'air, qui la transmet... Voire via le sol et les os, pour les malentendants sévères.

Jouer du piano debout avec les genoux, en agitant ses feuilles de chou ou en poinçonnant ses lilas, ou bien en fermant les yeux pour repérer où précisément est ce sacré hibou,
chouette,
ou cette Alouette,
en mono,
stéréo,
double mono binaurale,
Audiorama ou Stéréo 4D [merci GRUNDIG]
Quadriphonie
Ambiophonie
Tétraphonie !


Écouter Taratata debout, assis, couché, en mouvement, entendre même sourd à moitié ou au quart, mieux, ressentir la musique, le Son d'une FM chaude et lascive, Daniel Mermet au bout du tout comme si vous y étiez, ah, la belle voix féminine des Fipettes [soupir], France Hein Faut ou le football, le cyclisme, les jeux olympiques, le London Beat, du Ska, du trip, hop, techno, drum'n'bass, mottets, canons, tuyaux, trompes, cordes, steel drums, lamas tibétains diphoniques... ?


À la limite, avoir de la Musique et en collectionner sur supports enregistrés demeure un luxe superflu : l'on peut réécouter "facilement" à la demande un morceau de musique n'importe où. Voire toute une symphonie, c'est plus compliqué, bien que théoriquement possible. Oui, même sans Internet, ni YouTube, sans électricité ni piles ni batteries, ordinateur, disque dur ou chaîne hifi éteinte ! Miracle ? Nenni ! Les nombreux adorateurs et adoratrices de ce culte mystique remontant à la nuit des temps ont la capacité infinie de rejouer dans leur tête, ou plus rarement avec leur bouche, n'importe quelle note ou suite de notes, la voix étant comme chacun sait le plus bel instrument de musique de la Création. Au point de rendre fou ou folles ceux et celles qui n'arrivent pas à se sortir cet air bête de la tête ^^

Les progrès réalisés par l'imagerie médicale en temps réel ces dernières années ont permis de modéliser le parcours de la Musique dans nos cerveaux humains. En colorisant successivement et alternativement plusieurs zones de notre cerveau, et ce très rapidement, les notes de musique y allument un véritable feu d'artifice neuronal – littéralement, du sol au plafond ! Les chercheurs ont effectivement démontré qu'écouter de la musique – sans même parler de jouer d'un instrument – faisait davantage travailler notre cerveau que la résolution d'une équation mathématique complexe !

La Musique adoucit les mœurs et bien plus que cela ! L'excellent documentaire The Music Instinct, L'INSTINCT DE LA MUSIQUE, produit et réalisé en 2009 par Elena Mannes, avec l'extraordinaire auteur-compositeur-interprète Bobby McFerrin et le neuroscientifique Daniel Levitin en fil rouge, récapitule en 7 parties les toutes dernières avancées en la matière (grise) sur la perception de la Musique par notre corps tout entier. La Musique adoucissante des mœurs ? Pas seulement, car outre son effet particulièrement bénéfique sur notre esprit ou notre corps, les musiciens vous le diront : la Musique est avant tout dans notre tête, création dans (et de) notre esprit. Amen.

En point d'orgue, un lien vers un site 'musical' francophone monumental, à découvrir d'urgence = MEM, Musica Et Memoria, dont nous recommandons vivement l'exploration approfondie. Commencez déjà par la lecture de l'introduction de Michel Baron, sise à l'adresse http://www.musimem.com/apropos.html : "Le grand public, celui qui n'est pas musicien, ignore à quel point il faut travailler pour se hisser au niveau d'un instrumentiste honnête. Il ignore encore plus à quels renoncements il faut se plier pour devenir un exécutant professionnel. [...]"

DU MÊME AUTEUR, lisez aussi Oui aux Q rances

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